Oscillant entre la semi-fiction et l’autobiographie, la Vierge, les Coptes et moi de Namir Abdel-Messih a connu un franc succès en France en raison de son authenticité et l’omniprésence de la forme d’humour la plus valorisée, son autodérision.

Revenu en Egypte à seule fin de percer le mystère nébuleux de l’apparition de la Vierge et en particulier celle de 1987, M. Abdel-Messih ne trouve guère de témoins et décide de voguer vers sa famille modeste vivant à la campagne.

Grâce à sa culture franco-arabe, le cinéaste exploite une relative force humoristique issue de son déracinement. Le contraste marquant entre la culture égyptienne, qui accorde une place prédominante à la religion et la modernité européenne lui a permis de porter un regard à la fois émotif et persifleur sur les pratiques obsolètes de sa communauté. Cependant ce film est édifiant quant à l’exhibition de la vitalité du courant chrétien qui s’est transcrit sur les mentalités des musulmans ; les deux camps révérant la Vierge Marie. Cette œuvre livre également au spectateur une comédie sur les conditions de la communauté chrétienne en Egypte suite à la révolution.

Le travail du réalisateur

Quant à son travail de réalisateur, M. Namir Abdel-Messih souligne que sa mission ardue réside dans l’élaboration d’un rendu visuel exploitable de son film. Pour y parvenir il se charge d’affiner le scénario en décidant du découpage des séquences et en insérant les détails les plus minutieux quant au décor et à l’éclairage. Le financement du film constitue de surcroît un long processus laborieux, non seulement pour le réalisateur mais pour l’ensemble de l’équipe. Tout film constitue en effet une entreprise onéreuse, il est ainsi primordial que le producteur obtienne des fonds de sources multiples afin que le film soit réalisé aux plus hauts standards possibles. Cependant, c’est le réalisateur du film qui se charge avant tout de convaincre le producteur de l’idée de son œuvre afin que ce dernier s’engage dans ce long processus.

Conception de la femme dans le film

La Vierge, les Coptes et moi, aborde le thème du statut femme en exhibant les différentes conceptions de sa position sociale actuelle dans le monde arabe et en particulier dans le monde rural. Le spectateur est poussé à exercer son propre regard critique sur ce sujet préoccupant puisque le film tente d’énoncer les préjugés face auxquels les femmes se retrouvent confrontées et qui ont conduit à la séquestration de celles-ci. Mais curieusement, la femme n’est pas désignée comme victime ou inféodée tout au long du film. Dans de nombreuses scènes du film, Siham Abdel-Messih, la mère du réalisateur joue le premier rôle et défie des hommes voire même toute une communauté. Elle joue le rôle d’organisatrice lorsque son fils appelle à son secours alors qu’il se trouve face à plusieurs difficultés financières.

L’omniprésence de l’image subliminale de la Vierge présente un contraste marqué entre les cultures orientales et occidentales quant aux représentations des personnages divins. En Occident, Marie est charmante, apaisante et légèrement hanchée alors qu’en Orient, elle est teintée de pathétisme tout en gardant un aspect maternel et rassurant. Elle se présente toutefois pour l’ensemble des chrétiens comme leur intercesseur privilégié puisqu’elle incarne un être accessible pour eux.

Maram Gadalla