Le mouvement révolutionnaire qu’est le Fast-Fashion dont le but est de renouveler les collections sans interruption en un temps record a pourtant de nombreuses faces méconnues entre autres les conséquences sur l’environnement et les conditions inhumaines auxquelles font face les travailleurs du textile.

L’accélération phénoménale que connait le monde de la mode, rythmée par des collections renouvelées chaque semaine et caractérisée par des prix très bas pourrait paraitre comme attrayante. Nous achetons en moyenne 20 kilos de vêtements par personne chaque année, soit 60% de plus qu’il y a 15 ans alors que nous les conservons moitié moins longtemps. La surconsommation devenue régulière nous pousse à nous poser des questions sur l’envers du décor.

C’est sur une bonne idée en théorie que se base ce modèle de production nommé le Fast-Fashion avec des prix alléchants pour des consommateurs toujours en quête de plus et des usines implantées dans des pays moins développés qui permettront à leurs habitants de trouver un emploi : une situation gagnant-gagnant.

Mais en pratique, cette industrie renferme, devant l’ignorance ou l’indifférence générale, des enjeux environnementaux, sanitaires et sociaux énormes qui découlent d’une exploitation du tiers-monde.

Vêtements recyclés

Beaucoup d’entre nous ne s’en rendent pas compte, mais écologiquement, l’industrie de la mode est ultra-polluante, elle est en effet la deuxième la plus polluante après l’industrie pétrolière. A travers des prix parfois dérisoires, elle est surnommée « la mode-jetable » ou « le prêt-à-jeter ». Une appellation confirmée par des exemples hallucinants : en seulement un an, plus de 6 millions de tonnes de déchets textiles sont générés rien qu’en Europe. Une augmentation énorme qui suit celle de la consommation de vêtements. En plus de la quantité pharaonique de déchets textiles émis, les produits chimiques avec lesquels sont transformés les habits sont reversés dans les eaux que boivent des milliers de personnes dans les villages démunis et qui provoquent des malformations, des maladies incurables et des morts par infection. Est observable aussi la multiplication de cas d’autisme chez les enfants vivant près d’exploitations de coton à cause des pesticides et des engrais. Vos habits ont été blanchis, traités, imprimés, teints : ils deviennent ainsi non-dégradables, ils sont alors soit brulés, provoquant davantage de pollution des airs, soit laissés sur le sol qui devient lui aussi à son tour infecté. De plus, il faut l’équivalent en eau de 70 douches pour fabriquer un T-shirt soit 2 700 litres d’eau. A travers ces quelques exemples nous pouvons comprendre l’ampleur de la dégradation de l’environnement que génère ce modèle de production.

Définition de l’atelier de misère: une usine ou un atelier, en particulier dans l’industrie du vêtement, où les ouvriers sont employés à des salaires très bas pendant de longues heures et dans des conditions de travail déplorables.

L’exploitation des salariés et des sous-traitants est un aspect primordial dans ce décryptage.  Les marques installent ainsi leurs usines dans un contexte mondialisé où ce sont les géants du prêt-à-porter qui choisissent les conditions de travail de leurs employés. Leurs produits sont exportés ainsi vers des économies low-cost où les salaires sont particulièrement faibles, les plus connues étant le Bangladesh, l’Inde, le Pakistan et non plus la Chine considérée aujourd’hui comme trop chère (27 dollars par jour). Les marques produisent des bénéfices remarquables puisque les habits sont néanmoins vendus bien plus chers qu’ils ne sont produits. Ainsi les propriétaires et actionnaires de ces magasins font partie des personnes les plus riches au monde comme par exemple, Amencio Ortega, propriétaire de Zara qui est l’homme le plus riche d’Europe. Un contraste avec les employés payés en moyenne 50 euros par mois et travaillant dans des conditions déplorables. De nombreuses marques utilisent la vulnérabilité de certains réfugiés pour faire travailler des mineurs avec des salaires inférieurs au salaire minimal. Les nombreux accidents survenus prouvent les conditions infectes de travail : le plus médiatisé étant l’accident qui est survenu en 2013 lorsqu’un immeuble de Dacca, au Bangladesh abritant les ateliers de fabrication d’une cinquantaine de marques entre autres H&M, Primark, Mango, Benetton etc. s’est effondré et a causé la mort de plus de 1000 personnes en sous-traitance. Cinq mois avant, 111 travailleurs du textile mouraient dans les flammes d’un incendie, à « Tarzeen fashion factories » au Bangladesh. Ces incidents récurrents dans le monde du travail symbolisent le manque d’actions de la part des géants de cette industrie et les conditions abominables dans lesquelles est forcée de travailler une main-d’œuvre bon marché. On constate aussi de nombreuses violations des conditions sanitaires et de sécurité notamment les travailleurs qui  sont exposés à des exhalations dangereuses sans aucune protection.

Ce type d’industrie qui encourage la consommation de masse, elle-même générée par la mondialisation à travers la création de faux besoins a bien souvent des aspects méconnus très néfastes et ne profite qu’aux hauts placés  des multinationales et aux consommateurs. Il existe par ailleurs des alternatives à cette industrie notamment les friperies qui recyclent des vêtements usagés ou les brocantes qui permettent de donner une seconde vie aux vêtements.

Sara Ammar, 18/11/18