Le pire des préjugés dont ce grand penseur est victime, est celui que « son projet est mort ». Cette idée s’accompagne très souvent de l’image d’une économie déficitaire, d’une société soumise à un régime totalitaire, amoindrissant l’initiative personnelle, réprimant les libertés individuelles, enfin un régime autoritaire qui viole tout principe démocratique. Or, ces présomptions et ces préjugés sont loin de correspondre à l’utopie de Marx. Mais malheureusement les idées démocratiques marxistes sont souvent dissimulées au profit de la notion de « dictature du prolétariat ».

 

Idolâtré par certains, reconnu comme l’homme du passé par d’autres, et blâmé par ceux qui le considèrent comme le promoteur des régimes autoritaires soviétiques et maoïstes, Marx décèle tout au long du XIXe siècle des logiques philosophiques, économiques et politiques de nature profonde. Les résurrections très régulières de ses idées nous permettent de voir les coulisses du capitalisme aujourd’hui, un système qui pousse à la réflexion.

Marx a une vision très ancrée dans son époque celle de la révolution industrielle où tous les salariés sont en concurrence les uns avec les autres : la concurrence, un des principaux piliers du capitalisme libéral. Les luttes de classes en France, publié en 1850, nous propose une analyse fine des rapports des classes et des positions occupées par les différentes forces en place ainsi qu’une reconstruction méticuleuse axée sur la vague révolutionnaire qui bouleverse la France entre 1948 et 1949. Selon Marx, le capitalisme est voué à l’échec, voire à l’autodestruction. Il s’agit pour lui, d’un cycle clos inondé de plus en plus de déséquilibres. Le capitalisme est un système qui repose en effet sur la spéculation et sur l’accumulation : une augmentation systématique de la production sans augmentation de la consommation débouche inéluctablement sur des crises cycliques et récurrentes.

Toutefois, Marx a commis une erreur fondamentale qui pousse certains à remettre en question son raisonnement : Marx a généralisé les crises observées dans la phase historique de son époque. Ceci s’explique par le fait que Marx est incapable d’imaginer au XIXe siècle un État-Providence, un pouvoir syndical, des droits civiques ou encore des droits protecteurs au travail. En 1967, l’économiste belge Ernest Mandel commet une erreur de même nature en prévoyant la crise finale du capitalisme, autrement dit l’écroulement de ce dernier alors que c’était une simple relance de cette énorme mécanique d’accumulation. Le problème est le suivant : chacun théorise le capitalisme de son temps comme si son époque était infranchissable.

Les œuvres de Marx sont le fruit d’un travail colossal réalisé au XIXe siècle lors de la révolution industrielle, l’époque où le travail de l’ouvrier est réduit à une marchandise parmi d’autres. Marx reprend en effet, les idées de David Ricardo attribuant au travail un rôle primordial. Quant au capital, il ne fait que favoriser et augmenter ce travail. Le capitalisme selon Marx conduit à une simple contradiction affolante, celle de « l’exploitation de l’homme par l’homme » comme il l’énonce dans le manifeste du parti communiste en 1848.

Enfin, si pour Adam Smith, père du libéralisme économique, l’entreprise est conduite par la fameuse main invisible, pour Marx cette dernière est plus visible, c’est finalement la figure de l’entrepreneur capitalise qui l’incarne.  Il convient de dire que la lutte de classe théorisé par Marx dans le manifeste du parti communiste en 1848 tisse des liens avec la réalité économique et sociale de nos jours. 170 ans se sont écoulés et la lutte se poursuit : d’une part, les politiques néolibérales ne profitent qu’à une fraction étroite de la population, d’autre part, on retrouve les salariés qui constituent l’énorme majorité de la population.

L’utopie proposée par Marx n’est finalement pas très distincte de celle de More, il s’avère très difficile de la concrétiser, puisqu’elle suppose un changement complet des mentalités. Ceci n’est pas très simple dans une société où le capitalisme a déjà imposé ses carcans.

Maram Gadalla, 1ES1