J’étais là, seule, manœuvrant un grand navire
Sans que personne ne vienne m’adresser ni mot ni sourire,
J’admirais le ciel sombre, sans astres ni lueurs,
Et dans un calme profond s’écoulait l’instant des heures.
Soudain je vis paraître le corps d’un oiseau splendide
Au regard imposant, aux grands yeux clairs et vides
Je me demandai « Est-il comme moi, si solitaire ? »
Peut-être l’était-il mais il ne s’en souciait guère,
Il avançait d’une allure aussi gracieuse que lente
Sans agiter ni son plumage ni ses belles ailes brillantes.
C’est alors qu’une plume tomba, comme tomberait une feuille d’automne,
Troublant l’eau ruisselante sans qu’aucun bruit ne résonne
Elle flottait lente et monotone sur la surface,
Et caressait la mer suivie du somptueux rapace.
Elle étincelait vivement dans l’obscure nuit noire
Et emportait avec elle mes rêves, mes songes et mes espoirs.
Puis elle vint se poser sur une petite île au loin.
Le bel oiseau enfonça ses pattes dans la blancheur des grains
Il ramassa la légère plume à peine eut-il atterrit
Et bien qu’elle fût tombée, elle était encore à lui.
Tiba El Itreby